mercredi 11 novembre 2015

J'ai arrêté médecine : le bilan après 3 ans.

J'en parle régulièrement, parce que ça fait partie intégrante de mon histoire, mais dans le passé, j'ai fait quatre années de faculté de médecine. Je crois que j'en suis fière, fière d'avoir appris à travailler dur, fière d'avoir donné beaucoup et récolté un peu, et fière d'avoir su tourner la page à un moment. Je suis contente de ce parcours atypique, et d'avoir été enrichie par cette diversité d'expériences.

Voilà donc trois ans que j'ai changé de voie. Si jamais vous n'avez pas lu mon article à ce sujet, je vous invite à le faire, je ne vais pas reprendre le pourquoi du comment ici.


La question qu'on me pose parfois, c'est : "Est-ce que tu regrettes d'avoir arrêté ?"

Quand je vois tous les projets qu'on a pu avoir avec mon mari, tous les moments passés en famille ou entre amis, sans stress, sans appréhension d'examens, sans garde à l'hôpital, sans stage qui se passe moyennement, sans ECN qui approchait ...
Quand je vois les vacances dont on a bien profité, les bons repas qu'on a pu faire et partager, notre déménagement à la campagne, les livres lus et les films regardés ...
Quand je vois l'évolution de mon entreprise, tout ce que j'ai pu acheter comme matériel, les techniques que j'ai peaufinées, les relations construites avec les clients, les articles écrits sur le blog ...
Quand je vois notre fils s'épanouir, dormir peu et rire beaucoup, être allaité encore, se développer à son rythme, et être avec moi à la maison ...

Clairement, NON.

Je ne dis pas que je n'ai pas de nostalgie : je repense en souriant à tous les bons moments partagés à la fac, au Cha, sur les quais du Rhône, à la BU ... A nos soirées jeux ou sushis, à nos week-ends de ski, à nos fous rires, à nos moments de déprime ... Je me dis qu'on a vraiment passé de chouettes moments, ensemble. Et en fait, ce qui fait la force de cette expérience, c'est les amitiés construites, les amitiés qui sont encore là aujourd'hui, 7 ans après. Et qui ne sont pas prêtes de s'arrêter. Je vous aime les filles.

Les cours de biologie cellulaire de P1

Et je repense aussi aux moments de stage, à ces périodes immergée à l'hôpital, où c'était quand même sympa, au bout de deux mois, de faire partie de l'équipe soignante, d'apporter de la joie et de la bonne humeur, et de passer du temps à écouter les patients. Je repense à l'excitation des premiers gestes, aux mots rassurants, aux missions qu'on nous confiait, aux liens qui se tissaient, aux médecins qui étaient vraiment passionnés par leur travail.

Je trouve que j'oublie vite les moments moins évidents, ceux qui ne se passaient pas très bien, mais que je n'ai pas pensé à écrire. Et qui pourtant font aussi partie de l'équation. Il y avait la pression monstre de la première année, avec ces moments où j'avais envie de me taper la tête contre les murs. Et les moments de stage qui ne se passaient pas vraiment bien, où je me sentais inutile et j'avais l'impression de gêner. Les fois où je ne savais pas quoi dire au patient. Les fois où je ne savais pas répondre aux questions posées par le médecin ou le chirurgien. La fois où je faisais l'introduction de consultation seule, et où j'étais très mal à l'aise avec mon patient polonais alcoolique, et le médecin qui n'arrivait jamais. Les fois où je bossais dur, et que j'étais quand même mal classée, ou que j'avais des mauvaises notes. Les fois où je me sentais tellement impuissante face à la souffrance.

Mais malgré tout, si c'était à refaire, je crois que je le referais.
Ou alors, je choisirais peut-être ergothérapeute, lors du choix de ma première année, je crois que ce métier m'aurait plu.

Je sais qu'encore aujourd'hui, il y a des gens qui regrettent pour moi que je n'aie pas continué. Mais je pense que c'est dur de se mettre à la place de l'autre, et quand même, on a beau dire, mais tant qu'on n'a pas soi-même fait ces études-là, c'est difficile de comprendre pleinement.

Il me semble que l'essentiel, c'est de se sentir à sa place.
Et vraiment, je suis heureuse là où je suis aujourd'hui :)

Le ciel de Lyon depuis mon petit studio

Suite à mon premier article, j'ai eu énormément de commentaires et de mails de gens qui faisaient des études de médecine, et qui ne savaient plus trop où ils en étaient. C'est chouette qu'on ait pu en discuter, j'espère que ça les aura fait progresser dans leur réflexion. L'important est quand même de ne pas prendre de décision trop hâtive.
Après, mon parcours est quand même un peu différent, dans le sens où, quand j'ai arrêté, j'étais déjà mariée, avec un mari salarié, et en plus je savais que je pouvais monter mon entreprise par la suite. Mais même si chaque histoire est unique, on peut en parler ensemble :)

Eh bien, en regardant en arrière, très clairement, à la question "Est-ce que je regrette d'avoir arrêté médecine ?", la réponse est NON.

A vrai dire, ça ne m'a même jamais traversé l'esprit en trois ans. Et je crois que ça ne viendra pas non plus dans les années à venir ;)
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